terça-feira, 22 de setembro de 2009

La "jungle" de Calais évacuée devant les caméras

L'opération de démantèlement des campements de migrants sans papiers dans la "jungle", ce bidonville constitué en zone boisée aux abords du port de Calais (Pas-de-Calais), a eu lieu, mardi 22 septembre, en tout début de matinée. Peu avant 7 h30, des cars de CRS ont encerclé le camp pour l'évacuer. Dès 6 heures, ceux qui, dans la jungle étaient réveillés avaient fait se lever ceux qui dormaient encore. Ils s'étaient alors regroupés au centre du camp, autour de feux de palettes, faisant masse en attendant la police. Autour, une bonne cinquantaine de journalistes attendaient depuis le milieu de la nuit.
Après avoir investi la jungle, 500 policiers ont séparé les majeurs et les mineurs : un bon nombre des migrants encore présents dans la jungle étaient en effet des enfants ou des adolescents, âgés d'au plus 16-17 ans. Un total de 278 migrants, dont 132 se déclarant mineurs, ont été interpellés, a indiqué le préfet du Pas-de-Calais, Pierre de Bousquet de Florian.

Entre les mains des policiers, beaucoup de ces enfants pleuraient, inquiets de leur sort. L'évacuation s'est passé assez rapidement (moins d'une heure), fermement et sans trop de heurts, si ce n'est quelques altercations entre la police et une trentaine de militants "No border". A peine avaient-ils été sortis du camp, trois bulldozers, plusieurs camions, une équipe de nettoyage spécialisée et une équipe de bucheronnage arrivaient pour "rendre le terrain à son état naturel" , pour reprendre l'expression du ministre de l'immigration, Eric Besson.
Le préfet a indiqué, après l'opération de police, que les migrants majeurs ont été placés en garde à vue, alors que ceux qui se sont déclarés mineurs ont été placés dans des "centres spécialisés". Une centaine de places d'hébergement d'urgence dans le Pas-de-Calais a été mobilisé et quelque 500 dans le reste du réseau national.
Intervenant sur l'antenne de RTL, au moment même où débutait l'opération d'évacuation, Eric Besson a affirmé que son objectif était de "démanteler cette jungle qui est le camp de base des passeurs". "La jungle n'est pas un camp humanitaire", a-t-il insisté.
La veille de l'opération, il régnait une ambiance de "drôle de guerre" autour de la jungle. Alors qu'ils étaient encore près de 700, essentiellement d'Afghans, il y a une dizaine de jours à errer, ils n'étaient plus que 200 à 250, lundi, plus désemparés que réellement inquiets. Depuis l'annonce, mercredi 16 septembre, par M. Besson, de l'imminence de l'opération, beaucoup avaient fui vers la Belgique et les Pays-Bas, voire la Suède ou la Norvège. D'autres se sont simplement disséminés dans la nature. Un nombre non négligeable ont même réussi à passer de l'autre côté de la Manche.
Le préfet du Pas-de-Calais, M. Bousquet de Florian, assure que depuis une semaine, il n'y a "pas un migrant qui n'ait été informé, par les policiers ou les associations, des solutions qui s'offraient à eux".
Toute la semaine, une quarantaine d'agents de la police aux frontières (PAF) se sont rendus dans la "jungle" pour prendre l'identité des présents et leur expliquer qu'ils pouvaient faire une demande d'asile ou bénéficier de l'aide au retour volontaire. M. Bousquet de Florian ne cachait toutefois pas que "tous ceux qui refuserait le jour J l'une ou l'autre de ces propositions, risquaient de dormir le soir même au centre de rétention", en vue d'une expulsion.
Depuis le 5 mai, 343 migrants ont été reçus par une permanence de recueil des demandes d'asile qui a été ouverte à Calais deux demi-journées par semaine. Parmi elles, 169 ont un dossier en cours d'instruction mais seules 50 se sont vues délivrer une autorisation provisoire de séjour (APS) leur permettant d'ouvrir officiellement une demande d'asile. Les autres sont reparties dans la jungle, non sans avoir été repérées, grâce à leurs empreintes digitales, comme étant enregistrées dans le premier pays européen de l'espace Schengen qu'elles ont foulé.
En vertu du réglement de Dublin II , elle sont susceptibles d'être renvoyées dans ce pays en cas d'interpellation. Seule la cinquantaine de migrants ayant obtenu une APS s'est vu offert un accueil dans un Centre pour demandeur d'asile (CADA).

Les associations humanitaires dénoncent ce qu'elles appellent "un jeu de bonneteau européen". "Pour sortir de la loi de la jungle, il faut remettre le système d'asile européen sur pied en arrêtant de dénier aux personnes leur droit à une protection", relève Thomas Suez de l'association Terre d'errance.

Les organisations voient dans l'évacuation de la "jungle" une "manipulation" développée à grand renfort de publicité, qui, relève Vincent Lenoir de l'association Salam "permet au ministre de l'immigration, Eric Besson, de faire une démonstration de force sans trop de heurts". Mais qui, au final se révélera "inefficace et aggravera la situation des migrants".

Malgré les dénégations de M. Besson, qui affirme vouloir démanteler les réseaux de passeurs, les associations estiment que la destruction de la jungle ne peut que "livrer encore plus les migrants aux réseaux de passeurs, car contraints de se cacher, ils seront plus que jamais vulnérables à la loi des mafias". Depuis la fermeture, en 2002, du centre géré par la Croix-Rouge à Sangatte (Pas-de-Calais), par l'ancien ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, on est passé à plus d'une quinzaine de campements qui s'étire sur la côte de la Manche. "Avec cette opération, on verra moins massivement les migrants, mais ils finiront par réapparaître", prédit un militant associatif.
Jonathan Parienté e Laetitia Van Eeckhout
Fonte: Le Monde

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